9 avril 2016 : Peine de cœur

COMPTE RENDU DU BRM300 DE CASTANET / Dodécaudax#2

Comme promis après mon BRM 200, je me suis inscrit au BRM 300 de Castanet. Je sors à peine d'une grosse grippe. Je n'ai pas fait de vélo depuis 15 jours et me sens encore fragile. Alors j'ai failli renoncer. Mais la veille du départ, constatant que l'on pouvait, au moins jusqu'à Limous (Km 205), facilement trouver une gare proche du circuit permettant de rentrer en cas de défaillance, je me suis décidé à y aller. J'ai peu dormi, sans doute l'excitation, mais cette fois, j'arrive en avance et suis prêt pour le départ à 5h du matin. Sur le parking à côté du départ, je vérifie encore une fois mon équipement, ma roue dynamo toute neuve alimente parfaitement mon éclairage et pourra, si besoin, recharger le GPS, j'hésite entre telle ou telle veste, telle ou telle paire de gants... Je regarde les autres ce préparer pour les copier. Ils partent légers. J'ai peur d'avoir froid, alors tant pis pour le poids, je prends une sacoche et la grosse veste.

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05h05, KM 0. Nous sommes 13 à nous élancer sur la départementale 813 en pleine nuit. Je retrouve Bertrand et Jean, et reconnais le cycliste à la randonneuse Andouard et aux sacoches chargées (voir 19 mars 2016 : Baptème réussi !). La route est peu fréquentée à cette heure-ci et nous partons vaillants. Rapidement, je double la randonneuse Andouard et le vois discuter avec deux autres cyclistes. Il me semble qu'ils trouvent que nous partons trop vite et veulent s'accorder pour rouler ensemble à un rythme plus modéré. Je continue et lorsque je me retourne quelques secondes plus tard, je constate effectivement qu'ils ont ralenti l'allure et forment un trio en retrait dont les lumières s'éloignent rapidement et deviennent des taches vibrantes de plus en plus petites. En silence, je leur dis au revoir en me disant que le tri en cyclisme est rapide et sans état d'âme. Je reste avec les 9 costauds du groupe de tête. J'arrive à suivre et me dis que peut-être un groupe intermédiaire se formera ultérieurement de ce groupe et me conviendra. C'est mon premier voyage de nuit à vélo. Un cycliste a un feu arrière trop éblouissant, c'est désagréable. J'essaie soit d'être devant lui, soit loin derrière, mais je ne suis pas le seul à tenter la même chose et je me retrouve de temps en temps à la mauvaise place. Personne n'en dit rien. Le vent est favorable et j'arrive à suivre.

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07h43, Km 68. Nous arrivons tous les dix au premier pointage à Bram. Pause croissant et tampon à la boulangerie. Nous enlevons nos gilets fluo et repartons sans trop attendre car il fait froid à l'arrêt. Mais que ce passe-t-il ? Ça y est, je me fais distancer. L'allure a-t-elle augmenté ? Y-a-t'il eu un raidillon fatal ou un vent contraire ? Toujours est-il que je suis soudain seul sur les petites routes Audoises à deviner le lever de soleil derrière le ciel orageux. Le vent est toujours plutôt favorable, mais froid et avec quelques averses. Tout va bien, je roule. Je ne me pause pas de questions, je sais que maintenant je suis entre les deux groupes et que je ne devrais plus voir ni l'un, ni l'autre. Ce sera long et suis d'accord avec ça. Mais au bout d'une dizaine de kilomètres, à Pezens, voilà que je rattrape le groupe des costauds !!! Wahouuuu ! Je les vois tous à l'arrêt à faire pipi... et surtout Bertrand aide Jean à réparer sa roue avant percée. Je ne m'arrête pas et leurs dit à tout à l'heure. Étrange sentiment, je roule seul en tête avec tout un peloton derrière moi ! Inédit. Je me sens léger. Et cela dure plus de 30 minutes et 13 km.
Ils me doublent dans un court raidard (10-15%) dans les rues de Conques sur Orbiel et me laissent sur place. Vexant. À peine passée la bosse, à la sortie du village, là où poussent les pavillons aux enduits ocres et aux murets en parpaings, voici Jean de nouveau à l'arrêt, il a percé de l'autre roue. Je les double à nouveau en leur disant que je prends de l'avance pour la prochaine fois.

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09h20, Km 104. Ils me rejoignent à l'entrée de Villeneuve-Minervois et je suis le premier à pointer au café ! Je suis fier comme un coq. En repartant du café, ils me laissent jouer le costaud et mener le peloton. Merci les gars... Et puis il y a du vent et un raidillon et je prends un coup de bordure. Le trou se fait, imperceptiblement et infailliblement. Je ne peux pas suivre et les laisse filer, dommage avec ce vent de face. Je passe sous l'autoroute et me lance tranquillement dans la montagne d'Alaric. Elle m'a toujours intrigué lorsque je la voyais depuis l'autoroute, me voici maintenant à son pied, génial. Montagne aride, raide et calcaire, végétation de garrigue, on se croirait en Provence. Je suis émerveillé par la richesse et la variété végétale. C'est exceptionnel et m'arrête toutes les 5 minutes pour humer et faire des photos de fleurs. Ma vitesse moyenne va baisser... Je me rends compte que je n'ai pas beaucoup regardé le paysage jusqu'à présent, trop occupé à rouler. Ça fait du bien de se retrouver seul et de pouvoir se sentir libre de s'arrêter n'importe quand. Surtout dans cette partie du parcours. En m'arrêtant, je remarque qu'un de mes porte-bidons se dessoude et aussi comprend pourquoi j'ai la raie des fesses tout humide depuis une heure... En effet, l'évidement central ménagé dans ma selle pour éviter les compressions périnéales laisse aussi passer les projections d'eau lorsque je roule dans la pluie...

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13h00, Km 155. J'arrive à Lagrasse. Mi-parcours. Je cherche quelque chose à manger, j'en ai besoin. À la terrasse d'un snack, je vois un cycliste. J'engage la conversation. Il s'appelle Sylvain et fait lui aussi le BRM. Mais il est parti en retard (nous sommes donc 14 à avoir pris le départ) et il s'est trompé de route. Il n'a ni GPS, ni carte, juste le roadbook avec le nom des villages. Voilà pourquoi il s'est retrouvé devant moi sans m'avoir doublé. Je mange un sandwich en sa compagnie. Il bricole sa roue libre qui fait du bruit et nous repartons ensemble. Nous roulons bien, nos forces sont équilibrées et nous nous relayons régulièrement. C'est efficace et stimulant. Cela est bienvenu car la route s'élève et le vent défavorable s'intensifie. Je me réjouis de cette rencontre improbable et opportune. Nous gravissons la deuxième difficulté du parcours, le Picou. Mais au bout d'une trentaine de kilomètres, à Villefloure, il a besoin de s'arrêter. Il a comme une crampe, un souffle au cœur. Je m'inquiète. Sylvain m'avoue qu'il a une maladie au cœur et qu'il a oublié ses médicaments !!!!!!! Il n'y a personne pour venir le chercher et il ne veut pas appeler les pompiers qui l'emmèneront inévitablement à l'hôpital. Je ne peux pas le laisser rentrer seul comme ça, et lui propose de l'accompagner pour redescendre doucement vers Carcassonne et d'y prendre le train pour rentrer à Toulouse. C'est ce que nous avons fait.

16h08, Gare de Carcassonne. Fin de la randonnée, 203 km parcourus en 11h02. Maintenant nous discutons dans le train.

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17h55, Castanet. Sylvain repars vite pour prendre ses médicaments. Je reste au point d'arrivée avec les organisateurs et attends les premiers cyclistes qui vont nous raconter leur voyage...

Grand merci au Cyclo Club Castanéen et à François pour leur accueil et l'organisation de ce BRM.

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